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ART Q N°4 : LES FESSES A L’ART

 

 

 

 

Le cul c’est tout un art, il n’y avait donc pas de raison que l’art ne s’empare pas du cul …

Art Q est donc né afin de donner un certain éclairage au cul dans l’art !

 

ART Q N° 4 : LES FESSES A L’ART

POWERPOINT à télécharger en bas de l’article

 

Les fesses ! Les fesses ! C’est toute une histoire. Surtout une histoire dans l’art. De là à savoir si les fesses, c’est de l’art ou du cochon !

Tout d’abord, une petite mise au point anatomique : les muscles fessiers sont les muscles qui ont permis à l’Homme la station de la bipédie. L’Humain est donc le seul être vivant à en être pourvu. Et je peux vous garantir que ça “fessier” les autres animaux !

La station debout a fait disparaître la vulve et donc le sexe de ces dames, au grand damne des mâles reproducteurs que nous sommes messieurs. Du coup plus moyen de vérifier de visu si une « femelle » était en chaleur ou non et donc si la période d’accouplement était venue.

Le mâle de base ayant besoin de repères visuels, ses yeux se sont donc posés sur deux attributs féminins, les seins et … les fesses !

Le popotin, le derche, le cul, le fessard (ou fesse art ?), l’arrière-train, le pétard, la lune, le valseur, la croupe, le joufflu, les hémisphères, les miches, les noix, le panier, le prose, le séant, le nache ! Tant de mots pour désigner le « fondement » de notre humanité !

Et vous avez remarqué comme dans notre langue les fesses sont associées aussi bien à du positif qu’à du négatif :

Avoir le cul bordé de nouilles, avoir du cul.

En avoir plein le cul, coûter la peau des fesses, se geler le cul, avoir la tête dans le cul, serrer des fesses et la célèbre réplique des proctologues : parle à mon cul, ma tête est malade, à moins que ce ne soit l’inverse. Sic !

A noter, et j’en finirai là avec le vocabulaire que le terme « nache » qui désignaient les fesses jusqu’au XIVe siècle environ vient de « natica » qui veut bien dire fesses en latin mais la langue française a préféré le terme « fissa » d’origine latine également et qui signifie « fente ». Une autre origine, qui fera plaisir au public BDSM, nous est donnée par le Littré et viendrait du germain « fitse », une baguette et « fitzen », frapper (sous-entendu sur les fesses) avec une verge ! Aïe !

Vous vous en doutez, les fesses sont donc un territoire insondable, en particulier dans la multitude de leurs représentations artistiques.

Pardon d’avance pour les choix que nous avons fait mais il a fallu trancher et je vous assure que ne pas explorer tous les sillons a été, pour nous, une vraie douleur.

1) DE LA PREHISTOIRE A L’ANTIQUITE

Nos ancêtres préhistos (à partir de Cro-Magnon) ont sculpté plus que peint des fesses. Mystère sur le pourquoi, on serait assez tenté de croire qu’à côté des scènes de chasse et des animaux, thème de prédilection de l’art rupestre, les quelques représentations de fesses qui nous sont parvenues n’ont été réalisées que pour la beauté et l’esthétique et ce tout au long du paléolithique : dans le nord de l’Iran on a retrouvé de nombreuses statuettes « stéatopyges ». (A ne pas confondre avec le terme callipyge. Callipyge : qui a de belles fesses, Stéatopyges : qui a de grosses fesses). On les trouvait entre autre en abondance dans les sépultures masculines où elles symbolisaient peut-être la résurrection. Ces figures représentent un nu féminin debout, aux bras courts et charnus dans un geste d’adoration. Les hanches sont prononcées, les jambes courtes mettent en évidence les attributs sexuels particulièrement des clitoris hypertrophiés. La tête est étroite et stylisée.

Quant à nos ancêtres antiques que vous dire !?

Dans l’Egypte antique : rien ou quasiment rien. Des ornements sur des couverts mais franchement les fesses n’avaient pas le vent en poupe. En revanche de l’autre côté de la Méditerranée, chez les grecs puis les romains le joli fessier avait son importance comme toutes les autres parties du corps d’ailleurs. Tout devait être proportionné, les bâtiments, les statues, les seins, les mains, il n’y avait pas de raison que les fesses dérogent à la règle.

Là on trouve, bien sûr, des représentations de divinités mais également de sportifs. Le culte du corps est omniprésent et il est à noter que le fessier masculin est aussi bien représenté que celui de ces dames, profitez-en mesdames, ça ne va pas durer !

Les romains reprendront les canons de beauté des grecs dans leur statuaire. On voit qu’on met en avant une certaine idée de la perfection, cette perfection du corps n’étant que la manifestation d’un équilibre interne (vous vous souvenez des petites quéquettes grecques qui étaient signe de modération).

A noter également que pendant la période grecque on voit beaucoup de représentations d’androgynes mais quoi de plus normal dans un pays où les habitants se présentent comme Hélène, je m’appelle Hélène.

2) LE MOYEN-AGE

Obscènes, impures, sales, voilà comment les fesses étaient considérées au Moyen Age. Les premières toiles qui montrent la chair des corps reflètent une nudité abandonnée aux pécheurs et perçue comme une véritable punition. Il faudra attendre la Renaissance pour que les fesses gagnent leurs lettres de noblesse si j’ose dire.

Le moyen-âge est l’ère des superstitions, des bigots et de la main mise de l’église catholique aussi bien sur la vie quotidienne que sur l’art évidemment. L’église est riche, l’église est un mécène et elle veille au grain ! En particulier à chasser le malin.

Qu’est-ce qui distingue l’homme de la bête ? Au Moyen-Âge le problème était tout tranché : c’était les fesses rondes, seules différences entre l’humain civilisé et la bête sauvage. D’où un magnifique sophisme : les bêtes n’ont pas de fesses rondes, le Diable est une bête, donc le Diable n’a pas de fesses rondes. Encore mieux ! C’est le seul détail anatomique que le diable n’arrive pas à reproduire lorsqu’il prend forme humaine !  Et le diable est contraint de détourner le regard lorsqu’il voit la perfection de notre fessier.

Montrer ses fesses n’avait aucune connotation vulgaire ou libertine, au contraire c’était un excellent moyen de se protéger de Satan !

On peut voir un peu partout dans les cathédrales gothiques des statues callipyges (et/ou stéatopyges avec les fesses dirigées vers l’entrée du lieu saint.

Luther, le père de la réforme lui-même, raconte qu’il employait souvent le “mooning”, lorsque le démon le tourmentait.

3) LA RENAISSANCE

Le quattrocento et le cinquecento signent le grand retour du cul ! De la belle fesse, voluptueuse et crémeuse comme une glace à l’italienne.

La Renaissance permet à la fesse de s’asseoir de nouveau confortablement dans l’art. Elle reprend toute sa place en mettant à l’honneur le classicisme gréco-romain, des scènes issues de la Bible ainsi que de la mythologie..

Le courant artistique qui s’étale sur presque trois siècles, du XIVe au XVIIe se libère de l’oppression du Vatican, la religion est remise en cause, la réforme voit le jour avec les thèses de Luther au début du XVIème siècle et les artistes se donnent tous les droits … ou presque.

Le nu reste académique mais tout est permis jusqu’à Michel-Ange  que le Vatican ne fustige pas lorsqu’il peint les fesses de Dieu lui-même sur le plafond de la chapelle Sixtine.

La Renaissance préfigure le classicisme qui va chambouler l’art entre le XVIIIème siècle et la période moderne.

Le beau l’emporte sur le scandale et les grands mécènes, la famille Médicis, la famille Pazzi, les banquiers, l’église (presque malgré elle), les rois comme François premier vont protéger les artistes et leur permettre toutes les transgressions mais également aider à l’apparition de nouvelles techniques comme le sfumato (Léonard de Vinci), la perspective (Filippo Brunelleschi, architecte génial du Duomo de la cathédrale de Florence,  Leon Battista Alberti), etc.

4) ROCOCO – NEO-CLASSICISME – ROMANTISME

On oscille entre deux grandes tendances : le cul charnu ou l’esthétisme photoshopé avant l’heure.

Rubens et Boucher mettent en scène des femmes bien en chair avec des culs que ne renierait pas Kim Kardashian ! Les odalisques sont pulpeuses, on se fiche éperdument de la cellulite ou autres vergetures, le politiquement correct n’est pas encore de mise et on met en scènes des orgies et des bacchanales sensuelles.

Alors que Bazille, Houdon ou Velázquez peignent des corps parfaits, presque fantasmés, Ingres n’hésite pas à prendre des libertés avec l’anatomie et ajoute allègrement trois vertèbres à sa grande Odalisque afin d’allonger un corps … promesse de plaisirs qui n’en finissent pas ? Mystère …

Fin XIXe, début XXe c’est l’apparition du réalisme : Vallotton peint un fessier pâle, grisâtre, vieillissant, Le fauconnier met en scène une femme décharnée dont la maigreur souligne le désespoir déjà présent dans la pause du modèle. On montre la réalité dans ce qu’elle a de plus crue. C’est le siècle de Balzac, de Zola et le début de la lutte des classes, de l’art social voire militant.

En contrepoint l’art naïf et le surréalisme font leur apparition. Gauguin peint des tahitiennes nues, autant dire Eve au paradis perdu, alors qu’un Duchamp propose une version torturée et presque illisible, on devine déjà le cubisme.  Picasso change déjà de style, Matisse aussi. On lit deux interprétations de l’époque, la paix règne en Europe mais les pessimistes promettent une seconde guerre mondiale proche  … dont acte !

L’entre deux guerres et la seconde guerre mondiale vont signifier l’apogée du colonialisme et on va tomber dans la représentation « des nègres ». On dessine, on peint la Vénus Hottentote, on va photographier des femmes noires et nues dans un zoo humain (!) installé au jardin d’acclimatation. La fesse de la femme africaine est représentée pour qu’on puisse s’en moquer. L’européen blanc a déjà oublié les voluptés de Rubens et de Boucher ! L’art est parfois aussi un média de propagande et de haine.

Mais le salut vient toujours des femmes même si peu encore à l’époque osent relever le défi. Les fesses de Simone de Beauvoir et de Joséphine Baker seront des armes politiques. De Beauvoir par sa liberté et son combat féministe (cette photo n’a vu le jour que très récemment), Joséphine Baker, elle, va être une figure de proue de la « négritude » et, en montrant ses fesses (et le reste) va subjuguer Paris et faire beaucoup pour la cause et des noirs et des femmes en France.

5) ENTRE MODERNISME ET CONSERVATISME

Quand on pense à la versatilité de l’opinion, ces fesses qui débordent de l’opéra Garnier ont tantôt fait scandale, tantôt laissé les parisiens de marbre … pour que quelques dizaines d’années plus tard on danse totalement nu sur la scène de l’académie nationale ! Une paire de fesse, l’une scandale, l’autre banale.

Lorsque je dis que le Français est versatile ! Que n’ont entendu Michèle Mercier et Michel Polnareff pour avoir osé montrer leur popotin, qui sur un écran de télévision, qui sur des affiches 4 par 3. Alors je ne vous parle même pas du cul de Bardot dans « Le Mépris »  de Godard. La censure existait en ce temps là, et ces chez gens là m’sieur, on n’montrait pas son cul !

Les années 80 vont être, elles aussi, chamboulées. C’est la fin de l’insouciance, le tout début de l’épidémie de SIDA. Helmut Newton fait entrer les fesses, le porno  chic et le l’iconographie SM dans le monde de la photo « grand public » alors que Toscani va faire scandale avec une pub politique, cette paire de fesses tatouée comme une vache marquée au fer va déclencher un débat furieux mais gagnera son paris : mettre le SIDA au cœur des préoccupations et des discussions jusque dans le métro parisien. A côté on a aussi le visage des vestiges de l’insouciance et d’une « certaine image de la femme » avec la fameuse pub de l’annonceur Avenir « qui tient ses promesses » suite aux premières désillusions post-électorales de François Mitterand.

6) LES ANNEES 2000

On installe des statues de Botero dans les rues alors que le plug  de Paul McCarthy fait scandale place Vendôme. La nudité et le sexe ont du mal à trouver une place et les œuvres suscitent des controverses d’une rare violence. Mais Spencer Tunick (au nom prédestiné), empli l’opéra d’Amsterdam de centaines de fessiers et que Haris Lithos prend les fesses de mannequins pour des pinceaux. Ca c’est vraiment de l’art Q !

2018 : C’est l’apocalypse ! Trump est élu outre-Atlantique et l’Amérique nous montre ses deux visages, si j’ose dire, la débilité d’un jeu qui consiste à accepter de se faire tatouer une image choisie par un « ami », ici le petit rigolo a choisi de faire tatouer le visage de Trump sur la fesse de son complice alors qu’Abel Azcona, artiste queer, a décidé de se faire tatouer « Make America great again », le slogan de la campagne de Trump autour de l’anus … je ne vous fais pas un dessin du but de la manœuvre. Bullshit !

7) CONCLUSION

On le voit, les fesses ont tantôt été célébrées, tantôt vilipendées. On les a glorifiées, on les a déformées, on les a tatouées, peinte, on a peint avec, tantôt sujet, tantôt support ou bien encore outil.

Ce qui ressort de toutes ces fesses dans l’art, de ces représentations pléthoriques de notre face cachée, c’est qu’elles en disent long sur l’état de nos sociétés, de nos libertés et de l’idée que l’on se fait de l’esthétisme.

 

Moralité : on a beau les avoir dans le dos, les fesses font avancer le monde … et l’art !

 

 

 

 

 

 

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