Comment passer un été hot avec les stars féminines de la littérature?
C’est l’été ! La chaleur s’empare de notre libido, les corps se dénudent et le moindre frisson du vent sur la peau devient une caresse caliente…
Et si vous dopiez votre potentiel érotique ? Ces divas des jeux de l’amour vous donnent ici quelques leçons.
Faire durer le flirt
Les jeux de regards appuyés ou les conversations qui durent sans avoir de sujet, les corps qui se rapprochent subrepticement, les allusions encore déguisées… Ce badinage peut durer jusqu’à ce que l’un des deux se déclare. Or, même si on a peur de perdre la face en cas de refus, il est tout de même très agréable de respirer ses propres fantasmes, de sentir que tout est possible et que chaque seconde passée avec l’autre a un goût de miel. Dans la pièce de Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard (1730), Sylvia et Dorante veulent se sonder par le langage. Comme ils cherchent des preuves d’amour, les scènes se tissent de sous-entendus et de moyens pour rattraper l’autre afin de le maintenir artificiellement dans la conversation.
S’embrasser avec passion
Il n’y a pas plus magique que ce premier baiser tant attendu, qui s’accroche dans l’air avec une fièvre indescriptible. Souvenez-vous comme Roxane sait faire monter la pression avant de se livrer à Christian dans la célèbre scène du balcon! Mais elle ignore que c’est Cyrano de Bergerac qui lui répond, caché dans l’ombre par les feuillages, avec ces vers au goût charnel:
« Un baiser, mais à tout prendre, qu’est-ce ?
Un serment fait d’un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu’on met sur l’i du verbe aimer ;
C’est un secret qui prend la bouche pour oreille… »
Ne pas coucher le premier soir
Le supplice de l’attente permet d’attiser le désir. Pour cela, il faut cultiver le sens de la conversation, comme Shéhérazade.
Trahi par son épouse, un sultan décide de faire exécuter chaque femme avec laquelle il couchera. Shéhérazade parvient à sauver sa sœur Dinarzade, promise au monarque, en donnant à celui-ci le goût des histoires. Charmeuse incontestable, elle le tiendra en haleine des nuits entières (d’où le nom du recueil, Les Mille et Une Nuits, oeuvre qui rassemble plusieurs contes tels que Sindbad le marin mais aussi des récits érotiques !).
Collectionner les sextoys et jouer avec
Régine Desforges, dans un de ses récits tirés des Contes Pervers, met en scène un riche collectionneur d’olisbos, ces objets phalliques taillés dans divers matériaux que l’on utilise pour la masturbation. La narratrice les découvre avec lui dans une pièce secrète et en reste médusée. Leur taille, leur beauté, leur originalité… Les contempler et les manipuler la mettront d’humeur coquine et elle se prêtera volontiers à un jeu avec son hôte. Sauf qu’elle perdra son pari…
Explorer le corps de l’autre
Prendre le temps de goûter avec les mots la chair de l’autre, de le décrire en des termes flatteurs à mesure qu’on en explore les moindres plis… Cette délicatesse vous offrira toute son attention. Prenez appui sur les poèmes de Baudelaire comme ici, dans « La Chevelure » :
« Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure / Des souvenirs dormant dans cette chevelure… »
S’écrire des textos sulfureux
Héloïse et Abélard sont des amants connus pour leurs lettres enflammées. Comme ils avaient l’interdiction de se voir, leurs plumes étaient trempées dans un feu incessant. Voyez plutôt :
Héloïse : « Aveuglément j’ai accompli toutes tes volontés. Tu régnais en seul maître sur mon âme et mon corps » ou bien « Ces plaisirs d’amour, que nous avons goûtés ensemble, m’ont trop doucement fascinée »
Abélard : « Tu sais à quelles abjections ma luxure a conduit nos corps » ou encore « je t’étais lié par une appétence si ardente que je faisais passer bien avant Dieu les misérables et obscènes voluptés que j’aurais honte de nommer aujourd’hui »…
J.H. Fragonard, L’inspiration
Prendre le dessus
N’attendez pas que l’autre fasse le premier pas. Vous pouvez tout aussi être entreprenante. La Bible a longtemps caché un personnage féminin, Lilith. Première femme d’Adam, elle se considère comme son égale et ne veut pas se positionner sous l’homme quand elle fait l’amour. Mais comme elle entend le chevaucher, il lui préférera Eve, plus docile.
Dante Gabriel Rossetti, Lady Lilith, v. 1872
Oser la différence d’âge
On ne parle que d’elles depuis quelques années: la cougar, la MILF, ces femmes dont les années ont aiguisé le désir et étendu leur expérience. Il y en a plusieurs dans la littérature française qui peuvent vous inspirer: Mme de Warens a joué les initiatrices avec le jeune Jean-Jacques Rousseau, Mme de Rênal a fait tourner la tête de Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir et Paule a trouvé un amant attentionné avec Simon dans Aimez-vous Brahms… de F. Sagan.
Dominer la bête
Et pourquoi ne pas, pour épicer la nuit, jouer à être La Vénus à la fourrure ? Dans ce célèbre texte, publié en 1870, le baron Leopold von Sacher-Masoch, dont le nom a donné « masochisme », explore l’idée, en tant que narrateur, d’être le jouet d’une femme à laquelle il se soumet pour exacerber son plaisir. Fiction et réalité se mêlent pour cet auteur qui écrivit ceci à l’une de ses conquêtes, Emilie Mataja : « Ainsi vous trouvez vraiment du plaisir à l’idée que vous m’aurez un jour sous vos pieds, que sans merci vous me toucherez de votre fouet ? »
Vous avez maintenant tout l’été pour vous inspirer de ces personnages et faire de vous celui ou celle qui saura conjuguer la passion au temps du plaisir.