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Les poèmes érotiques de Verlaine, quand l’érotisme rime avec audace et sensualité

Paul Verlaine, ce poète aux vers mélodieux, n’est pas seulement le chantre des « Fêtes galantes » et des « Romances sans paroles ». Derrière l’image sage du poète symboliste se cache une plume audacieuse, explorant sans détour les méandres du désir et de la sensualité. Bien que moins connus du grand public, ses recueils tels que Les Amies, Femmes et Hombres dévoilent une facette plus intime du poète et offrent une plongée dans un univers où l’érotisme est célébré avec une franchise déconcertante. Et si vous pensiez que la poésie de Paul Verlaine se limitait à des vers mélancoliques et romantiques, vous allez être agréablement surpris, voire délicieusement choqués. Ouvrez grand vos sens et plongeons dans cet univers où la poésie se fait caresse et les mots effleurent les sens avec une délicatesse enivrante.

Les Amies, une ode à l’amour saphique

Publié en secret en 1867 sous le mystérieux pseudonyme de Pablo de Herlagnez, le recueil Les Amies brise avec subtilité les tabous de l’époque en célébrant l’amour entre femmes. Dans ces six sonnets élégants et voluptueux, Verlaine nous plonge dans l’intimité délicate et suggestive de ces relations interdites. Dans le sonnet “Sur le balcon”, il dépeint deux femmes observant le vol des hirondelles, leurs peignoirs légers flottant autour d’elles tels des nuages :

« Toutes deux regardaient s’enfuir les hirondelles :
L’une pâle aux cheveux de jais, et l’autre blonde
Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
Vaguement serpentaient, nuages, autour d’elles. »

Ici, l’innocence apparente se mêle à une douce volupté. Verlaine excelle à créer cette atmosphère où chaque mot semble être une caresse esquissée. Le poète utilise des images délicates pour évoquer la beauté de ces femmes, mêlant innocence et sensualité. Leur contemplation silencieuse est empreinte d’une tension érotique subtile, reflétant la profondeur de leur connexion.

Le poème “Pensionnaires” poursuit cette exploration de l’amour saphique et pousse encore plus loin cette sensualité évocatrice en décrivant des jeunes filles dans un pensionnat, s’adonnant à des jeux innocents qui dégénèrent en étreintes passionnées :

« Elles se baisent au front, aux yeux, aux seins, aux lèvres,
Et leurs doigts curieux, effleurant leurs chairs fraîches,
S’attardent, indiscrets, sur des douceurs mi-closes. »

Subtilité, douceur, mais aussi audace évidente : Verlaine dépeint l’amour saphique comme une célébration des sens, tendre et troublante. Ici, la sensualité est suggérée avec une délicatesse qui contraste avec l’audace du sujet. L’auteur parvient à capturer l’essence de ces amours interdits sans jamais sombrer dans la vulgarité, offrant ainsi une vision poétique de la passion féminine.

Femmes, une exploration des plaisirs hétérosexuels

Après avoir célébré l’amour entre femmes, Verlaine se tourne vers les plaisirs hétérosexuels dans le recueil Femmes, publié clandestinement en 1890. Ces poèmes, plus explicites, suscitent les expériences personnelles du poète avec diverses amantes. L’érotisme y devient direct, assumé, provocant avec finesse et malice. Dans “Séguedille”, il exprime son désir pour une brune à demi-nue, évoquant des images de dentelles et de boudoirs :

« Brune encore non eue,
Je te veux presque nue
Sur un canapé noir
Dans un boudoir jaune,
Comme en mil huit cent trente. »

La description des désirs du poète est directe, sans détour, mais toujours enveloppée d’une musicalité qui adoucit l’audace des propositions. Chaque détail est sensuellement orchestré pour attiser l’imagination du lecteur. Verlaine joue avec les contrastes de couleurs et les textures pour créer une atmosphère érotique raffinée.
Dans “Sur une statue de Ganymède”, il n’hésite pas à franchir les frontières habituelles et aborde le thème de l’homosexualité masculine à travers la contemplation d’une statue :

« Ce front charmant, cette bouche adorable,
Ce col plus blanc que le lait,
Ce torse où l’ombre douce du poil se mêle à la lumière. »

Verlaine célèbre ici la beauté masculine avec une sensualité palpable, transformant la froideur du marbre en chaleur teintée d’érotisme. Le poète transcende les conventions de son époque pour explorer des désirs souvent réprimés, offrant une voix poétique à des amours marginalisés.

Hombres, hommage à l’amour masculin

En 1903, à titre posthume, paraît Hombres, recueil encore plus audacieux, entièrement consacré à l’amour entre hommes. Ce dernier volet de la trilogie érotique de Verlaine aborde des thèmes tels que le désir, la passion et la beauté masculine. Ici, Verlaine abandonne toute pudeur pour révéler ses désirs avec une franchise provocante et fascinante. Le poème « Balanide I » décrit, avec une sensualité crue, les ébats amoureux entre hommes et capture à merveille cette intensité charnelle presque hypnotique :

« Ô ne blasphème pas,
Ô ne blasphème pas,
Ô ne blasphème pas,
Ô ne blasphème pas. »

La répétition obsessionnelle se fait prière érotique, mélange subtil entre sacré et profane. Verlaine explore ici les contradictions inhérentes à la passion, mêlant dévotion religieuse et érotisme. Mais le poète ose encore davantage avec le fameux « Sonnet du trou du cul », coécrit avec Arthur Rimbaud, brisant avec audace et humour l’un des derniers grands tabous :

« Trou de jade, œillet humide,
Bouche adorablement fardée,
Arc-en-ciel tendu vers l’azur. »

Le poème illustre la volonté de Verlaine de briser les conventions et de célébrer toutes les facettes de l’amour et du désir. Cette audace coquine et provocatrice révèle une complicité artistique et intime avec Rimbaud, poussant l’érotisme littéraire à des sommets rarement atteints à l’époque.

Les poèmes érotiques de Paul Verlaine sont une invitation à explorer les multiples facettes du désir humain, à travers le prisme d’une poésie à la fois délicate et audacieuse. Et lire Verlaine, c’est célébrer une poésie libérée, audacieuse et d’une modernité surprenante. Entre jeux d’esprit, provocation délicieuse, et sensualité brûlante, sa poésie érotique se lit comme un véritable manifeste du plaisir et de l’amour sous toutes ses formes. La plume du poète caresse les corps et les âmes avec une volupté sans égale, rappelant que le plaisir charnel mérite d’être sublimé par les mots. Alors, osez ouvrir les recueils secrets de ce poète coquin, et laissez-vous porter par l’audace sensuelle et malicieuse de Verlaine. Et comme le poète se plaisait à dire avec un humour libertin assumé :

« Osons goûter sans crainte aux plaisirs défendus, car l’amour est un fruit qui ne se mord que nu. »

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