Ces héros de la littérature ultra virils nous excitent-ils encore ?
Admirés et mis en valeur par la littérature certains personnages au fort potentiel érotique ont longtemps été des références pour séduire une femme. Or aujourd’hui, alors que les codes changent et que les mentalités évoluent, qui sortira indemne de notre regard 2.0.?
Quand on parle de virilité on pense souvent à des muscles, à des poils et … à un homme !
Etymologiquement, vir désigne l’homme et virilis, c’est « celui qui fait preuve de courage ». En premier lieu, on pense à Hercule, dont le nom appelle une rime… euh, ridicule ?
Ce demi-dieu, qui a tout de même pour géniteur Zeus himself, n’en a pas moins accompli de vraies prouesses car il a survécu à une série de douze travaux plus inhumains les uns que les autres. Aucun dragueur ne pourrait aujourd’hui se vanter d’avoir tué une hydre, capturé un sanglier vivant ou encore être descendu aux Enfers.
Mais ce que l’on ignore c’est que, réduit à l’esclavage par Apollon, il a été acheté par la reine Omphale afin de débarrasser son royaume de ses brigands. Soumis ainsi aux ordres d’une femme, certains auteurs antiques l’ont souvent caricaturé : « Tandis qu’Omphale, couverte de la peau du lion de Némée, tenait la massue, Héraclès, habillé en femme, vêtu d’une robe de pourpre, travaillait à des ouvrages de laine… ». Lucien de Samosate, Comment il faut écrire l’histoire, X.
Hercule et Omphale de Boucher, Musée Pouchkine, Moscou.
Pourtant, un homme capable de switcher pour être à la fois un protecteur et un serviteur, c’est plutôt tendance, non ?
Par ailleurs, selon le Littré, être un homme viril, ce n’est pas avoir des biceps, c’est plutôt celui qui a « de la vigueur ». Dans cette catégorie, Don Juan est célèbre pour avoir un appétit sexuel insatiable.
Ce personnage sensuel inventé par Tirso de Molina a séduit bon nombre d’auteurs comme Molière ou encore le compositeur Mozart qui en a fait un opéra, Don Giovanni.
A ce libertin aucune femme ne résiste. Il ne recule même pas devant la morale ou la religion. Ce qui lui plait, c’est de détourner de leur chaste existence les femmes, fussent-elles mariées. Une fois satisfait, il délaisse en chemin toutes celles qui lui ont cédé. Être réduite à un objet de consommation, non ! S’il existait Don Juan serait balancé sur les réseaux sociaux.
Pour finir, voici un homme qui a fait de lui son propre personnage dans Histoire de ma Vie : Casanova. Sa légende est telle qu’il a laissé son nom à la langue française comme synonyme de « séducteur ».
Portrait de Casanova, par Raphaël Mengs, vers 1870
Jouisseur infatigable, cet aventurier vénitien né en 1725 a fait parler de lui à travers l’Europe entière. Il a été homme d’église, espion, diplomate, musicien, bibliothécaire, escroc et il s’est même fait passer pour médecin si bien que ses abus de tous ordres l’ont conduit à l’exil. Pendant ses pérégrinations, il se targue d’avoir eu plus de 142 conquêtes !
Lui aussi pourrait être mis à l’Index par nos tweets rageurs sauf que selon Arlette Farge, historienne spécialiste du XVIIIe siècle: ” Casanova séduit, mais avec beaucoup de tendresse et d’attention pour les femmes ». Il garde des lettres, dote celles qui n’ont pas de fortune, raconte ses échecs, s’intéresse à chacune pour leur singularité propre et il est aimé en retour.
Si on écarte d’emblée le macho égocentrique et qu’on s’avoue que les dieux n’existent pas, il nous reste un homme volage et apatride. Il serait temps d’inventer d’autres représentations de la virilité, non ?